CardamOme

Et voi-là...

Leo

Dans la chambre tout était blanc. Les murs, les draps, le sol, le plafond, la blouse de Leo, le teint de Leo. Seule tâche de couleur : la photo que l'infirmière avait encadrée et placée sur la petite table de chevet. Le silence régnait en maître dans la pièce. Seuls troublants le silence : les bruits incessants de son rythme cardiaque et le son claquant de la machine à oxygène.

"Mmmzzzh" "Bip" "Pchhsssiih" "Bip".

L'infirmière s'était prise d'affection pour ce beau jeune homme. Elle en avait vu des yakuzas, des drogués. Mais jamais elle n'avait vu une personne d'une telle beauté et d'une telle détresse à la fois. Cela faisait une semaine et demi que le brun était dans sa chambre, que son état était stable.
Les médecins pensaient qu'il avait pas mal de chances de se réveillerait et que s'il ne s'éveillait pas, c'était simplement parce qu'il hésitait. Il avait un choix à faire entre la vie et la mort, et qu'il n'avait pas encore décidé.

Rejoindre son père ou retourner auprès d'Angie ? Il ne voulait aucun des deux en fait...

***

Will

Leo ne savait pas que Will était auprès de lui. Il ne l'entendait pas, ou ne voulait pas l'entendre, pas encore, c'était trop tôt.
En fait si... Il l'entendait... Mais il ne savait pas... Il ne comprenait pas... Les paroles du blond n'atteignait pas vraiment son cerveau, il était loin, si loin. Trop loin. Beaucoup trop loin pour qu'il puisse réagir, il ne pouvait pas, c'était trop difficile.

***

Angie

De son côté, Angie avait eu des remords. Elle était retournée dans l'appartement de Leo. Le trouvant vide, elle avait immédiatement pensé au pire. Elle était allée à l'hôpital, avait demandé la chambre de Loïc Le Guennec, parce que son nom, elle le connaissait. Elle était allée dans sa chambre et avait entendu une voix. Masculine. A la fin du speetch, elle était entrée.

"Leo !"

Et elle avait accouru à son chevet. Lui caressant les cheveux, elle lui murmurait des "je t'aime" et des "réveille-toi, tu m'inquiètes". Puis, elle sembla remarquer la présence du blond. Elle lui jeta un regard perçant.

"Qui êtes-vous ? Un collègue de Leo ? Vous le surveillez ?"

Elle marqua une pause sans pour autant laisser Will répondre.

"Je suis Angie Jones, la fiancée de Leo."

Puis l'atmosphère même de la pièce changea. De calme, elle passa à tendue. Puis un bruit, si familier, si redouté et pourtant si surprenant...

"Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip."

Lundi 24 mars 2008 à 20:55

Il était revenu...
Will, avec un air désolé, plein de remords, il était devant lui...
Leo le fit entrer, sans un mot... Dès qu'il eut fermé la porte, il prit le blond dans ses bras, l'embrassant, une main dans ses cheveux, un bras autour de sa taille. Ce soir-là, aucun mot ne fut échangé, juste... Des gestes, rempli d'amour, de tendresse et de passion...

***

Leo revint à lui, allongé sur son lit, la manche droite relevée, son stylo à côté de son bras, sa came à côté de son stylo.
Il souffla un "putain", il en avait marre de cette merde d'héroïne. Il se dit qu'il arrêterait là. Sauf que ça faisait des jours et des jours qu'il se disait ça.
Voilà un mois que Will était partit, et un mois aussi que Leo prenait une dose quotidienne d'héroïne. Il ne pouvait plus s'en passer maintenant, il se piquait moins par envie d'oublier que par besoin. Il s'était fait piquer par son boss, et avait dû encore une fois donner une de ses phalanges.

La première fois qu'il avait perdu un morceau de doigt, il avait 15 ans. C'avait été son premier contact avec la drogue, et son dernier avant une longue période.
La deuxième fois, c'était le lendemain même où Angie l'avait plaqué...
Et là, c'était "pour" Will... Sauf qu'il avait été beaucoup plus discret. S'il s'était fait choper, c'était uniquement par hasard. Un p'tit con avait cafté malgré ses menaces. Et il avait même pas réussi à le tuer, tellement il était affaibli. Hadachi père lui laissait une dernière chance, il avait deux semaines pour réduire les doses et aboutir à un arrêt définitif de la drogue. Il ne pouvait pas perdre l'un de ses meilleurs éléments.

***

Deux heures plus tard, Leo avait récupéré ses capacités. Il entendit la sonnerie de la porte de son appartement. Il avait foncé ouvrir la porte, prêt à prendre Will dans ses bras. Quelle ne fut pas sa surprise et sa déception quand il s'aperçu que, non seulement, ce n'était pas le blond, mais en plus... C'était Angie.

"Oh, Leo, s'il te plaît, laisse-moi entrer..."

Il était tellement sous le choc, qu'il ne fit rien pour l'empêcher de s'incruster à nouveau dans sa vie. Elle le poussa légèrement pour entrer, posa deux grosses valises et se tourna vers Leo qui refermait la porte derrière elle, sans un mot.

"Eh bien, tu as l'air heureux de me revoir, ça fait plaisir... Soit, je comprends parfaitement... Mais j'ai changé, je suis redevenue moi, je suis redevenue la Angie que tu aimes... Je t'aime encore Leo... Tu m'entends ?"

Elle s'approcha de lui. Il ne pouvait rien faire, complètement sous son emprise. Il n'était rien avec elle. Il n'était que son chien-chien, complètement soumis à cette femme. C'était bien la seule personne au monde qui avait une quelconque autorité et influence sur lui. C'était sûrement parce qu'elle ressemblait à sa mère. Les mêmes yeux, les mêmes... Manières.

"Tu as une mine abominable... Il était temps que je revienne n'est-ce pas ?"

Elle lui fit un sourire. Un sourire, un de ceux auxquels il ne pouvait pas résister. Et elle le savait.

"Tu sais, mon mari est mort et... Il ne m'a rien laissé, il a tout donné à son fils. Du coup je suis toute seule, à la rue, sans un sous. Je sais que tu es là pour moi, tu me l'as dit un jour, que tu serais toujours là pour moi, dans n'importe quelles circonstances. Eh bien, j'ai besoin de toi, et de ton amour. Je t'aime encore Leo, tu comprends ?"

Il ne disait pas un mot, observant celle qui lui avait fait tant de mal. Il ne pouvait tout de même pas la laisser dehors...
Il accepta qu'elle reste, à condition qu'elle promette de partir s'il lui demandait, et qu'elle n'essaye pas de reformer le couple qu'ils avaient autrefois formé.
Elle promit pour la première, mais pas pour la deuxième.
Les jours passèrent. Elle réussit, d'abord à dormir aux côtés de Leo, puis, de fil en aiguille, à retourner dans ses bras. Elle profitait de sa faiblesse, ne se rendant même pas compte de son état de drogué, et n'était là que pour avoir un toit, et pouvoir coucher avec Leo quand elle voulait.

***

Une semaine après son arrivée, Angie trouva son amant dans les bras de l'héroïne. Excédée, elle cria, hurla, l'engueula. Menaçant de partir s'il se droguait de nouveau. Le lendemain, elle faisait ses valises, louant un appartement dans le troisième district, laissant Leo avec un stylo plein dans la main.
C'est là qu'il fut le plus faible. Il n'en pouvait plus de souffrir autant, et il savait bien que ça ne s'arrangerait plus. Il en avait marre de cette vie, il voulait... Partir lui aussi.
Il prit une dose important de drogue, sachant parfaitement les risques qu'il encourait. Il sortit, se promenant dans les rues de Takara, et c'est là, au beau milieu de la rue qu'il advint ce qu'il devait advenir.

Overdose.

***

Il fut emmené à l'hôpital, en soin intensif. Il fut placé sous aide respiratoire et sous perfusion. Dans le coma, Leo ne voulait pas se battre pour vivre...

***

L'infirmière chargée de lui trouver de la famille avait bien du mal. Ce beau jeune homme n'avait pas de nom, et juste un pseudonyme. Elle soupira, prenant son portefeuille. Elle y trouva une photo. C'était Leo, endormis, magnifique. Au dos, un numéro de téléphone et une signature... Will...
Elle replaça la photo dans le portefeuille, le commissaire arrivait. Ils avaient trouvés sa véritable identité, cela faisait une semaine qu'ils cherchaient.
Loïc... Loïc Le Guennec...

L'infirmière appela alors la mère de ce Loïc. Celle-ci était malheureusement décédée un an auparavant, son jet s'était écrasé en pleine Méditerranée. Elle appela donc ce fameux Will.

"Allo, Mr Will ? Connaissez-vous un certain Mr Le Guennec ? Non ? Dommage... Son prénom ? Loïc m'sieur..."

Dimanche 23 mars 2008 à 16:20

Il s'était promis de ne jamais revivre ça, et voilà qu'il essuyait une nouvelle fois la perte d'un être qui compte.
Il entendait encore les mots qu'il avait prononcé avant que sans un mot, Will s'en aille direction Londres sûrement. "Mais vas-y ! Casse-toi ! Je te retiens pas ! Va retrouver ta nouvelle copine !" Il se prit la tête entre les mains, assit sur son lit, se rappelant comment il en était arrivé là, se rappelant toute sa vie en fin de compte.

***

Alicia. Sa mère, sa chère maman, la première femme de la vie d'un homme. Celle que l'on devrait aimer pour toujours, parce que même si souvent on a honte de le dire, c'est notre mère et c'est comme ça. Sauf que Leo, la première femme de sa vie, c'était celle qui lui avait fait le plus de mal. Elle l'avait éloigné de son père et... elle l'avait frappé. Tellement frappé qu'il en avait encore des marques physiques et mentales.

Amélia. La seconde femme de son père, elle qu'il avait mis sur un piédestal parce que son modèle de père l'avait choisie, elle qui lui avait tant parlé de lui, elle qui avait très vite trouvé un autre amant en apprenant la mort de son père, elle qui l'avait jeté à la rue dès qu'elle n'avait plus eu à avoir peur de la réaction de son mari.

Angie. You can't say we never tried. Elle à qui il avait tout donné. La seule femme au monde qu'il avait aimé plus que lui-même, plus que n'importe qui. Celle à qui il avait offert son coeur et qui l'avait brusquement détruit, juste par cupidité.

***

Les femmes, il les détestait à présent. Il s'en servait comme jouet le soir quand il s'ennuyait, mais jamais plus il n'avait vu plus d'une soirée une femme, et jamais il n'arrivait à se souvenir d'un seul prénom de ses différentes conquêtes.
Il passa sa main sur le "A" dessiné à jamais dans le bas de son dos. Il soupira.
Sa première erreur avait été de ne pas se méfier des hommes...

Il avait rencontré Will en boîte. Ce n'était pas la première fois qu'il couchait avec un homme, et l'Européen lui avait plu tout de suite. Ils étaient donc allés à l'hôtel et avait fait ce que font deux personnes seules dans une chambre à la fin d'une soirée quand elles se trouvent attirantes. C'est là qu'il avait fait sa deuxième erreur.

Il avait proposé ce boulot d'indic' au journaliste, parce qu'il le pensait doué. Et ils étaient tombé dans un genre de spirale, comme une routine, une habitude. L'un bossait pour l'autre, ils se voyaient de temps à autres et à chaque fois ils couchaient ensemble. Ce qui, pour Leo, n'était qu'une histoire de cul, ça ne resta pas cela longtemps pour Will. Ce dernier commença bien vite à manifester des sentiments pour le peu familiers au brun. C'est à ce moment qu'il commit sa troisième erreur.

Il n'a pas arrêté de voir Will. Il était très doué, que ça soit professionnellement parlant ou... dans le privé si vous voyez ce que je veux dire. Et Leo l'appréciait, il pensait qu'en ne montrant aucun sentiment en retour le jeune blond finirait par se lasser et par aller voir ailleurs. Seulement tout ne se passa pas comme prévu. Il avait mal évalué son indic' qui se trouvait être encore plus obstiné dans la vie privée que dans le travail.
Et finalement, son coeur de glace fondit doucement devant l'Anglais, plusieurs mois après leur rencontre.

***

Le brun soupira à nouveau, passant cette fois la main dans sa nuque, à l'endroit même où était tatoué un "W". Il se dit ironiquement qu'il devrait arrêter de se tatouer les amours de sa vie sur le corps, ça lui portait malheur visiblement. Tout en se massant la nuque, ses doigts rencontrèrent le métal chauffé par sa peau d'une chaîne en argent. Il enleva celle-ci.
C'était un cadeau de Will, pour la Saint Valentin. Il sourit. Cette fête, il n'y avait jamais vraiment fait attention, et il n'aurait rien offert au blond s'il ne l'avait pas prévenu à l'avance.

Il remit la chaîne et alluma un joint. Comment avait-il pu en arriver là ? Il se remémora les différents évènements des derniers mois.

Avec Will, tout ne se passait pas aussi bien qu'on aurait pu le croire. Tout était sujet à la dispute, l'un étant susceptible et l'autre maladroit en amour. Il faut dire aussi que Leo avait du mal à montrer à Will ce qu'il ressentait, et qu'il lui arrivait de mal lui parler. A ces moments-là, il était fort probable que le blond pense que Leo se moquait de lui. Il était pourtant bien loin de la vérité. Mais que c'était-il passé de différent cette fois-là ?

***

Plusieurs jours auparavant, Will avait piqué une crise de jalousie, accusant Leo d'avoir fait du gringue à une serveuse. En fait, le tueur n'avait fait qu'un clin d'oeil à la jeune fille qui avait l'habitude de le servir et qu'il s'amusait à voir rougir de toute ses forces à chacun de ses sourires charmeurs ou de ses clins d'oeil.
Le blond, relativement jaloux, n'avait absolument pas apprécié, et une fois rentré dans leur appartement, lui avait fait ce qu'on appelle communément une scène de ménage. Leo, las, avait tenté de lui expliquer, sans succès puisque l'indic', rendu sourd par sa colère, avait claqué la porte. Le brun avait donc passé la nuit seul, sans personne à enlacer pour s'endormir.

Les jours passaient et Will ne revenait pas. Inquiet, Leo avait mené des recherches. Pas très longtemps d'ailleurs, puisqu'il avait trouvé son amant, dans un bar, en train de discuté avec une jeune inconnue, de manière assez proche. Un peu trop proche même selon Leo. Il était alors rentré chez lui, Will sur les talons, et c'est là que la dispute avait eu lieu, les mots prononcés raisonnaient encore dans l'esprit du tueur.

"Leo, attends ! Mais laisse-moi t'expliquer !
- Parce que tu m'as laissé m'expliquer l'autre jour ?
- ...
- C'est toujours pareil avec toi, j'ai jamais le droit de rien faire, un sourire à une jolie fille et c'est déjà un crime. Et là j'te retrouve en train d'aborder la première nana qui vient !
- T'avais qu'à pas draguer cette fille, une ancienne conquête je parie !
- Même pas !
- Une future alors ?!
- Mais non !
- C'est ça ! Si tu veux que je te laisse la nuit pour l'inviter dis-le moi, je partirai !"

C'est là qu'il avait dit cette phrase qu'il regrettait amèrement à présent.

"Mais vas-y ! Casse-toi ! Je te retiens pas ! Va retrouver ta nouvelle copine !"

Le blond, tout pâle, était partit dans le chambre, sans un mot, avait fait sa valise, réservé un billet d'avion, appelé un taxi, et était partit à l'aéroport.

***

Cela c'était produit il y a exactement... 2 heures et douze minutes. A l'heure qu'il était Will devait déjà être dans l'avion. Il lui manquait déjà. Il avait déjà dû aller le chercher à Londres une fois. Mais cette fois, il y resterait dans cette ville de malheur. Il allait rayer le blond de sa vie et toute forme de sentiment.

Le joint ne suffisant pas, il alla dans la salle de bain, s'allongea dans sa baignoire vide et se mit un taquet.
Injectant l'héroïne dans son bras droit, il alla planer quelque part ailleurs, loin de tout. Il n'avait jamais pris autant d'héroïne en une seule fois, même si la dose n'était pas supérieure à la moyenne.

Ceux qu'il aimait lui faisaient toujours du mal d'une manière ou d'une autre...

Maman...

C'est vrai quoi, il avait toujours été déçu par les autres...

Amélia...

Il leurs donne tout, et finalement, ils lui brisent le coeur...

Angie...

Et quand il croit que tout s'arrange et qu'il va enfin pouvoir être heureux, il y a toujours une personne qu'il aime pour lui montrer le contraire...

Will...

En fait, tout le monde l'avait abandonné, qu'ils aient le choix ou pas...

Papa...

Il s'endormit dans la salle d'eau, le stylo dans la main gauche et le poing droit serré.

***

Il se réveilla le lendemain, avec un terrible mal de tête, des courbatures et le souvenir du blond bien présent dans son esprit. Il alluma la radio, pour avoir une présence.

"Et dans un instant, "Angie" des Rolling Stones et "I'll Be Waiting" de Lenny Kravitz."

Il ne changea pas de station, se fit un café noir très serré, sans sucre, sans lait, et presque sans eau. Il prit une douche, s'habilla et alla travailler, son iPod sur les oreilles, la chanson "You And Me" de Lifehouse dans les oreilles.

Mercredi 19 mars 2008 à 21:26

La Lune était pleine. Elle se baignait dans les eaux paisibles du lac. Il était blessé, sur son cheval, avançant sans but. Elle se nommait Gwennaëlle. Il se nommait Arnaud.
Le chevalier, blessé à la guerre, voulu boire l'eau du lac à quelques pas de la jeune elfe. Il ne l'avait pas vue. En descendant de son cheval il tomba. Il ne pu se relever. Le reste de son armure fit un bruit énorme qui effraya la farouche Gwennaëlle. Celle-ci prit peur, elle sortit du lac et se cacha derrière un arbre.
Elle attendit un moment, et, n'entendant plus rien, elle avança. S'il est une chose à savoir sur les elfes, c'est qu'ils sont les êtres les plus curieux du monde. Elle voulu savoir ce qui avait provoqué un si grand bruit. Ses pieds nus foulant l'herbe fraîche, elle trouva ce beau chevalier, inconscient. Elle rassura l'animal et lui enleva la bride.
Elle se pencha sur le jeune homme. Sa respiration était irrégulière. Elle le débarrassa de son armure et le soigna. Les elfes sont un puits de savoir sur les soins par les plantes.
Arnaud dormait plus paisiblement. Il était si beau. En cet instant elle savait qu'elle avait changé. Quelque chose en elle s'était déclenché. Déjà cet homme qu'elle avait soigné avec tant de tendresse la remplissait d'amour.
Au petit matin suivant, quand Arnaud se réveilla à cause de la chaleur du soleil sur son visage, son fidèle destrier avait disparu. Il voulu se relever, mais la douleur le cloua au sol. Une voix douce s'éleva.

"Vous êtes de forte constitution, je ne pensais pas vous voir éveillé avant ce soir. Restez allongé ou vous allez défaire les pansements."

Il tourna la tête vers elle. Là son coeur fit un bon dans sa poitrine. La douleur le fit renoncer et il s'allongea.

"Qui êtes-vous ? Celle qui m'a soigné ?"

Elle ne répondit pas. Elle sourit juste. Elle lui prépara des fruits et lui rempli sa gourde. Il put boire et manger ce qu'il n'avait pas fait depuis plusieurs jours.

"Dites-moi au moins votre nom ?"
"Si vous me dites le votre ? Je m'appelle Gwennaëlle..."
"Arnaud, chevalier du roi..."
"Arnaud suffira pour moi..."

Elle sourit encore. Comme elle était belle, sa peau semblait si douce. Il pensait rêver. A moins qu'il fût mort et qu'il était enfin arrivé au paradis ? Une puissante douleur à l'abdomen le ramena à la dure réalité.

"Buvez ça."

Elle lui tendit un liquide verdâtre qu'il bu d'une traite.
Sur sa demande il lui raconta tout. La guerre, sa blessure, comment il était arrivé ici, la perte de son but. Il était à présent ce qu'on appelait un chevalier errant. La journée passa, puis la nuit, puis les jours. Une semaine passa sans que l'elfe s'éloigne du chevalier. Et plus le temps passait, plus les deux jeunes gens en savaient l'un sur l'autre, et plus l'amour qu'ils se portaient s'intensifiait.
Arnaud put enfin se relever et marcher. La douleur était toujours là, mais il pouvait se déplacer. Il prit un bain dans le lac et se dégourdit les jambes. Il allait beaucoup mieux. Gwennaëlle, à l'inverse, semblait aller beaucoup moins bien. Elle pleurait assise sur une pierre. Le jeune homme s'avança vers elle et lui demanda ce qu'elle avait.

"Oh chevalier, je dois à présent vous laisser et disparaître à jamais de votre vie. Cela m'est insupportable, mais se sont les règles, je dois aider ceux qui en ont besoin, mais maintenant que vous allez mieux, je dois m'effacer et vous devez m'oublier."
"Je suis un chevalier sans but, je ne pourrai jamais effacer votre sourire de mon esprit et mon amour pour vous durera jusqu'à ma mort. S'il vous plaît ne partez pas, restez avec moi."

La jeune elfe sourit. Mais ce sourire ne ressemblait à aucun autre. Il était empli d'une tristesse infinie. Elle avança son doux visage de celui de son bien-aimé et leurs lèvres s'assemblèrent. Cette nuit-là ils vécurent leur amour dans toute son ampleur dans une étreinte passionnée. Ils s'endormirent enlacés l'un contre l'autre, ne pouvant se résigner à se séparer.
Gwennaëlle se réveilla bien avant Arnaud. Elle se leva, doucement afin de ne pas l'éveiller. Elle déposa un baiser aussi léger qu'une plume sur sa joue.

"Adieu bel amant, oublie-moi et vis sans moi... Je t'aime et je t'aimerai toujours..."

Elle partit son faire de bruit, sans se retourner et en courant.
Quand Arnaud se réveilla, elle avait disparu.

La légende raconte qu'il la chercha jour et nuit jusqu'à sa mort, et qu'à présent son esprit hante le lac où il a rencontré l'amour de sa vie. Elle raconte aussi que Gwennaëlle ne l'a jamais oublié, et que lorsqu'elle mourut, son esprit voulu rejoindre celui de son aimé, au lac. Il se serait perdu dans la forêt alentour et hanterait maintenant les lieux de ses chants déchirants d'un amour irréalisé.

Mercredi 12 septembre 2007 à 21:42

"Dan chéri, tu vas rire..."

Ce jour-là, je ne m'imaginais même pas à quel point l'ironie pouvait-être cruelle. Je pensais que j'allais vraiment me marrer. C'est vrai que les quelques mots qui suivirent sur le coup m'ont beaucoup fait rire, jusqu'à ce que je comprenne ce qui m'arrivait.

"Tu vas rire..." répéta-t-elle.

Elle avait l'air d'insister, donc j'ai pris la télécommande et j'ai coupé. C'était Téléfoot, récapitulatif de tous les matchs de la saison, ça m'a couté d'éteindre, mais elle avait l'air si sûre d'elle...

"Roh, et puis enlève tes pieds de la table basse, tu sais que ça à le don de m'énerver au plus haut point..." dit-elle précipitamment.

La plupart des choses qu'elle disait étaient précipitée. Elle parlait vite, d'un ton nerveux et autoritaire. Vous savez, après trente ans de mariage, on dit plus rien.

"Bon, bah vas-y, Carole, sors-la ta vanne, j'vais louper Téléfoot..." j'ai dit.

Je sais pas si j'ai empiré la situation en disant ça, toujours est-il qu'elle a levé les yeux au ciel en soupirant, je crois même que j'ai entendu un "Jésus Marie Joseph... !".

"Tu sais l'autre soir..." commença-t-elle.

A compté de ce moment, le temps m'a paru long. Elle semblait jouer avec mes nerfs et elle prenait son temps. Comme pour bien profiter, et bien me faire sentir que le dénouement serait tellement drôle que je pourrai même pas finir ma bière.

"Quand je t'avais dit que j'étais chez Sophie..." continua-t-elle.
"Ouiiiii..."

Elle a encore soupiré. Elle était tellement longue à accoucher aussi, j'ai pas pu m'empêcher de la pousser. Ce fut une erreur, elle allongeait ma souffrance.

"Eh bien, je n'étais pas chez elle..."

J'ai gardé le silence, pas sûr de comprendre parfaitement. Elle avait les lèvres pincées.

"Oui, et ben ? T'étais où ?"
"Chez Marco..."
"Qu'est-ce que tu f'sais chez lui ?"
"Rien de spécial..."
"Pourquoi tu m'dis ça alors ?"
"On a juste fait l'amour comme des bêtes... 3 fois..."
"..."

Là j'ai plus rien dit. Mes trente années de mariage sont repassées dans ma tête. Et là, je me suis mis à rire. Elle a prit un air étonné et choqué, et mes rires ont redoublé de puissance. Vous l'auriez vue, cette vieille bique, avec son chignon serré, son rouge à lèvres foncé, ses rides, son tailleur que j'ai payé une fortune, ses lèvres toutes pincées. Elle avait une tronche ! J'en pouvais plus, on aurait dit ma mère le jour où je lui ai annoncé que j'arrêtais les études.

"Pourquoi tu ris ?!" a-t-elle dit.

Elle semblait énervée. Comme insatisfaite, comme si elle voulait que je réagisse autrement.

"Tu m'as pas dit "Dan, chéri, tu vas rire." ? Eh ben tu vois, je ris !"
"Mais, mais !!"
"Mais quoi !? T'as pas été fichue de te trouver un autre amant que Marco, ce célibataire endurci ? Ma pauvre chéri, si tu savais le nombre d'aventures que moi j'ai eu, tu viendrais pas m'annoncer comme ça, toute fière que t'as couché avec le dernier des crétins !"
"Oh ! Mais... Oh !"

Après ces petits cris choqués, elle s'est levée, et elle a quitté la pièce en claquant la porte. J'ai rallumé la télé, c'est bon, tTléfoot était pas fini. En plus Lens est monté dans le classement. Par contre ma bière s'est éventée... 

Dimanche 9 septembre 2007 à 19:04

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